Institute of Contemporary History
Il est difficile d’imaginer plus étrange objet littéraire qu’une messe alchimique. Seule de son espèce, cette pièce singulière prend pourtant tout son sens lorsqu’on la replace dans le cadre des rapports qui se tissèrent au Moyen Âge entre alchimie, religion et littérature, mais aussi dans le contexte médiéval des messes parodiques et des messes votives. Sa réception a traversé les courants religieux les plus divers de la fin de la Renaissance, touchant tour à tour catholiques romains, luthériens, antitrinitaires, disciples de Schwenckfeld ou de Paracelse. Leurs options religieuses ont-elles pu infléchir leur transmission de ce texte? Cette question nous oriente vers un aspect encore peu connu de l’alchimie : sa capacité à se jouer des frontières religieuses.
La Messe alchimique attribué à Melchior de Sibiu. Édition critique par Didier Kahn, avec le concours d’Alena Hadravová et Jean-Baptiste Lebigue. Paris: Classiques Garnier 2015. 149 pp. ISBN 978-2-8124-3274-3 (livre broché), ISBN 978-2-8124-3275-0 (livre relié), ISSN 2105-9950.